Femme trans et noire, issue des quartiers populaires et militante du PSOL (parti large, à gauche du PT de Lula), Erika Hilton a été élue conseillère municipale à São Paulo en novembre 2020. Avec un nombre de voix record, 50.508, elle est la candidate ayant reçu le plus grand nombre de voix au Brésil pour cette élection.
Expulsée de chez elle à l’adolescence à cause de sa transidentité, elle se prostitue dès l’âge de 14 ans. « Quand je me suis retrouvée en situation de prostitution, de déshumanisation, sans domicile, à être une non-citoyenne, quand j’ai vu que mon corps n’était pris en compte que pour être violenté, acheté, massacré, humilié, j’ai commencé à comprendre qu’il y avait quelque chose qui clochait » .
Erika rappelle que le Brésil est le pays qui tue le plus de personnes trans au monde, que 90% d’entre elles se prostituent pour survivre et que l’espérance de vie de cette population ne dépasse pas 35 ans.

Elle se réjouit de son élection et de celle d’autres personnes trans – comme Duda Salabert et Thammy Miranda- et affirme que ces résultats sont une «réponse à l’avancée de l’extrême-droite, du fascisme et du conservatisme » dans le pays.
Elle commente l’assassinat fin 2020 de João Alberto Silveira Freitas, un homme noir de 40 ans, battu à mort : «Ce pays est le pays des paradoxes sans fin. C’est le pays qui va élire des femmes noires dans les capitales, parce qu’on est en train d’avancer sur le plan pédagogique dans le rachat de notre histoire, mais on a encore un cancer politique et social qui prévaut, et qui fait que des hommes noirs, pères de famille sont brutalement assassinés. »
Son programme cible en priorité l’éducation, le logement et l’emploi :
Les gens pensent que parler de droits LGBT ce n’est que parler des corps, mais c’est parler de droits au transport, au logement, à l’eau potable, c’est parler de crèches, d’hygiène de base.
«On a eu 388 années d’esclavage, presque 140 ans de fausse abolition et on lutte toujours », explique-t-elle : “Quand on avance, personne ne recule. L’ascension de l’homme noir, de la femme noire, de la femme trans ne représente de recul pour personne, au contraire».
L’article : El Pais
Traduction : Alex Matos Lejeune.